mercredi 2 avril 2008

Abecedaire de rien (1ere partie)

L'air de rien, ce petit voyage, c'est 10 mois sur la route, 19 pays traverses, environ 64 000 kms, dont pres de 30 000 kms par voies terrestres... suffisamment de matière pour un petit abécédaire de conclusion :

A. Accueil
Si je ne peux me plaindre d'aucun pays, certains se sont distingués par leur accueil chaleureux. La route de la Soie en général, peu de touristes et donc un contact interessant, curieux et souvent desinteresse avec les autochtones.
Le Pakistan mérite un accueil d'or, avec l'impression récurrente d'etre une rock star, les gens s'arretant ans la rue, descendant de leur velo-moto-auto simplement pour vous saluer et vous serrer la main. L'hospitalité poussee a son extreme quand, lors des longs trajets de bus, il est impossible de payer son the ou son coca, un pakistanais faisant mine de mourir si vous payez votre consommation.
A bis. Accents : j'ai du mal a me remettre au clavier francais avec accents. Quelques jours pour se remettre a l'AZERTY, mais pas de progres significatifs pour l'utilisation des touches du haut...

B. Bus
Mon meilleur ami. Et ennemi. A part quelques trajets en train en Ouzbekistan, Inde, Chine et Japon, je me suis promene sur les routes du monde dans des vehicules allant du bus scolaire 1963 reconverti en transport grande ligne, au bus Business class avec petit verre en fin de repas. Mon trajet le plus long : plus de 30 heures au Pakistan, sur la Karakorum Highway. Quelques roues crevees, une petite panne au Cambodge et un bus poussé en Bolivie, mais pas de gros pépins...
Les plus lents : 20 kms/h en moyenne au Palistan et en Bolivie. Les plus rapides : au Bresil, ou on comprend mieux pourquoi ils ont tant de pilotes de Formule 1.

C. Cuisine
Soyons francs, meme si je n'etais pas en manque insoutenable de plats français, je me suis souvent senti originaire du pays le plus genereux au niveau des papilles.
Des pays à sortir du lot : la Thailande pour ses plats frais et legers, le Japon pour ses saveurs etranges, l'Argentine pour sa viande savoureuse.

D. Douanes
On a quelque peu perdu l'habitude de passer des frontieres dans notre espace de Schengen. A l'etranger, les formalites se font dans les aeroports, dans des couloirs aseptises ou les douaniers sont loins de leurs collegues des routes perdues au milieu de nulle part. J'ai passe quelques douanes cocasses, ou les douaniers ont sorti un viel atlas edite avant la chute du mur pour en savoir plus sur mon trajet (Turkmenistan), ont tente de me subtiliser une partie de mon liquide sous pretexte que ma declaration d'entree n'etait pas conforme (Ouzbekistan), ou m'ont fait regarder dans une drole de machine en forme de porte-manteaux pour detecter une eventuelle grippe aviaire (Chine).

E. Ecologie
Dans une Europe ou l'environnement devient une evidence quotidienne, un voyage autour du monde rend forcement moins optimiste sur le sujet. Beaucoup de pays ou, dans un bus, le moyen le plus simple de se debarasser d'une bouteille en plastique ou d'une canette en aluminium est de la jeter par la fenetre, des paysages couverts de sacs plastiques, des camions toussant des nuages de fumee d'un noir d'encre, des rivieres dont l'eau est plus que nauseabonde... si nous devons assumer un role de leader sur le sujet, il va falloir beaucoup d'energie - propre - pour combler le retard de tous ces pays dont l'ecologie est loin d'etre une preoccupation.

F. Fringues
Parce que c'est un de nos conforts quotidiens, ne pas avoir une garde robe a disposition est une experience de voyage. Trois calecons, Trois paires de chaussettes, trois tee-shirts, une chemise, un pantalon et un short, voila mon armoire pendant ces derniers 10 mois. Avec des pays pièges, comme le Pérou ou la Bolivie, ou il pleuvait souvent et ou l'altitude empechait mes affaires de secher. Fond de sac, puis cantonnement pour eviter les averses et attendre que sa garde robe detrempee seche, son dernier tee-shirt sur le dos.
Meme si je me sens moins victime de la mode depuis mon retour, je ne boude pas mon plaisir au moment de choisir une chemise dans ma - soudainement immense - garde robe.

G. Goulag
Ma découverte litteraire du voyage, Soljenitsyne, que j'ai decouvert a Bangkok avec une traduction anglaise du "Pavillon des cancereux", dont j'ai degotte "Aout 14" en français a Hanoi, puis "Un jour dans la vie d'Ivan Denisovitch" en anglais a Buenos Aires, et finalement "Le premier cercle", toujours en anglais, dans un bookshop de Salvador de Bahia. D'ailleurs si vous avez une vieille version de l'Archipel du Goulag qui traine, je suis preneur, je n'ai pas reussi pour l'instant a mettre la main dessus en France....

H. Histoire
Et geographie. Parcourir tous ces pays, arpenter tous ces musees, visiter tous ces monuments et discuter avec toutes ces personnes differentes ouvrent forcement les yeux sur le monde. Je ne sais pas si je serais meilleur au Trivial Pursuit, mais j'ai l'impression de mieux comprendre le monde, d'etre un peu sorti des images toutes faites que nous distribuent les medias (comme sur l'Iran par exemple) et de pouvoir mieux saisir les relations complexes de notre geopolitique contemporaine. Ce genre de voyage permet aussi de mettre en perspective des notions dont on use et abuse en Europe, sans s'imaginer qu'elles peuvent avoir des significations différentes dans d'autres pays : liberte, democratie, culture, pauvrete ou richesse, religion, respect...

I. Intimite
Sans doute un des aspects les plus present du voyage en solitaire : paradoxalement, etre seul en voyage offre peu d'espaces d'intimités. Solitude, oui, parfois, mais rarement un endroit a soi ou poser sac. Parce qu'on bouge, et parce que, seul, une chambre est souvent trop chere. Dortoirs, dortoirs et dortoirs, et parfois l'envie de se poser sur son lit sans etre entoure d'autres lits, de sacs, de personnes qui discutent, qui entrent et qui sortent... voire - inimaginable - d'avoir une salle de bain pour soi.

J. Jeux de plage
Malgre ce que dit Colette, je n'ai pas collectionne les cartes postales de plages... un premier arret enchanteur sur une ile thailandaise, deux jours au Vietnam, une baignade au sud du Mexique, une autre au nord du Perou, et un dernier sejour les pieds dans l'eau au Bresil avant de rentrer. Si j'ai du mal a rester plus de trois jours en position transat, j'ai toujours apprecie ces pauses loin des bus, des villes, des musees dans lesquels je me suis beaucoup demene. Une respiration avant de se relancer sur la route.

K. Kiwis
Surnom des neozelandais, croise en nombre sur la route, et dont la conversation lors de nos rencontres s'orientait systématiquement sur le quart de finale de la Coupe du Monde de rugby. Je n'ai pas vu le match, mais j'en ai parlé... les kiwis, fair-plays, reconnaissent notre belle victoire, nous ont definitivement hisse au rang de "bete noire", et nous en veulent de toujours perdre contre les anglais apres des matchs incroyables contre eux.

L. Langues
On me demande souvent comment j'ai pu communiquer en Asie... En anglais evidemment quand les gens le pouvaient (rarement), et avec les moyens du bord sinon. Quelques situations cocasses, mais on peut pousser asses loin la communication avec des bouts de mots, des gestes ou des dessins. Pas de debats philosophiques, mais une forme de conversation... et parfois plus facile avec des personnes qui ne parlaient pas du tout anglais et ne se sentaient pas enfermés dans leur quelques mots connus dans la langue de Shakespeare (souvent limitée a Comment tu t'appelles, quel age as tu, d'ou viens tu).

M. Merveilles
Quelques emerveillements inoubliables : Yazd la cité de sable, Boukhara et sa mosquee, la KKH entre la Chine et le Pakistan, Angkor, la baie d'Halong, la Grand Muraille, Manhattan, Machu Picchu, les Salières d'Uyuni... Connus ou moins connus, des lieux uniques ou on ne peut qu'etre impressionne, saisi, emu et conscient d'assister à un spectacle exceptionnel.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Même après ton retour, tu réussis à me faire voyager à la pause de midi. Tain, comment je galère en ce moment au taf, 3 semaines de suite à fond, sans quitter le boulot avant 20h00 voire 21h30 des fois. Je t'assure que ça me fait du bien, vivement mon prochain voyage. À moto. Ou pas. M'en fous, j'veux partir loin.

marion a dit…

bonne idee cet abecedaire, belle synthese de ton voyage. c'est quoi la machine a detecter la grippe aviaire ? t'as une photo ? ca me fait mourir de rire ce truc !

g-worm a dit…

une belle aventure, un rapport au temps qu'il faut réapprendre (?) mais le voyage ne s'arrête certainement pas là, qu'il vive, qu'il reste, qu'il "soit" au quotidien !
très bon voyage..!

et bonne architecture, c'est passionnant !

Vincent a dit…

Ca donne envie de repartir ..!

Anonyme a dit…

Hey Thomas! Is your trip finished now? I dont understand what you've been writing, but you got some nice pictures! We are in new zealand at the moment.. nice nature and its nice to understand what people are saying again. See ya! Tarjei - (friend from Loki)

Anonyme a dit…

salut thomas
super idée cet abécédaire ! j'espère que tout se passe bien
si tu passes par Tlse, tu sauras où me joindre pour une petite bouffe, moi, je n'ai pas bougé !!
biz
valentine

Colette a dit…

Ce qui est bien, là, c'est qu'on reprend tout (enfin moi) pour vérifier ce que tu avais dit sur le moment et ce que tu en penses maintenant ! Excellente idée cet abécédaire... Et puis quand je joue au Légionnaire j'essaye de me souvenir de tes expériences... alors merci à plusieurs titres Thomas pour ce "tour du monde en 10 mois" !
Bises

 

Depart a la case retour (du monde), le blog du voyage autour du monde de Thomas Prudhomme